Ceux qui cherchent la fidélité à Shakespeare dans les Capulets et les Montaigu de Bellini représenté à Nancy en ce moment, seront sans doute étonnés, tant la trame narrative initiale a été remaniée par le compositeurs et son librettiste Felice Romani. Le meurtre de Tebaldo est quasiment anecdotique, Mercusio n’y est pas et Juliette survit à Romeo. Il s’agit en effet plus ici de la rivalité entre deux clans, dont les amoureux sont les victimes, que de leur histoire dans cette rivalité, comme l’indique le nom de l’opéra.
La metteur en scène Pınar Karabulut et la scénographe Michela Flück la situe en un western de chez Mattel, avec des accessoires sortant de chez Playmobil, comme pour les chevaux à roulette dont la gueule opine et les nasaux souffle de la vapeur, et de chez Barbie pour les couleurs et l’éclairage pastels. S’il regarde avec réserve les lumières bleu, ocre et brun matte voulant figurer les plaines de l’ouest, le spectateur perplexe regarde avec une plus grande circonspection encore l’installation orange au milieu de la scène servant tantôt de soucoupe crachant de la vapeur sur laquelle Juliette s’élève dans les airs, de caveau des Capulets où Juliette en léthargie prend une pose de cariatide, et de puit dans le désert.
Les costumes de Teresa Vergho sont à l’avenant. Les Capulet en cowboy masqués bleu cobalt font face aux Montaigus en vacher non moins masqués rouge vif. Et le pantalon en peau de bête bleu Klein du père de Juliette n’a rien à envier au costume d’arlequin bleu et rouge de Lorenzo.
La gestuelle des protagonistes n’est pas mal non plus. Les Capulets font régulièrement des mouvements de laveur de carreaux et les amoureux interrompent subitement leur conversation pour des mouvements de nage indienne.
Fort heureusement, le spectateur, qui se demande s’il doit rie devant cette tragédie, peut se reposer sur la qualité musicale de l’exécution. Même si l’orchestre de Ramón Tebar s’appuie un peu trop sur les cuivres et les pupitres graves des cordes, il restitue bien la vivacité de la ligne mélodique simple mais non simpliste de Bellini. Et si le chœur peine à se faire comprendre, il garde nonobstant une belle cohérence.
Les rôles masculins ne tiennent pas bien la longueur, cependant. Comme David Astorgaen en Tebaldo, qui appuie nettement son Heldentenor en première partie, Donnie Ray Albert en Capellio au baryton clair au début en première partie peinent dans la seconde à garder sa tenue. Et si Manuel Fuentes en Lorenzo maintient une belle et forte projection, il ne module pas assez son chant.
En revanche la soprano Yaritza Véliz en Juliette, qui allie ses gaves veloutés à ses aigus cristallins, et la mezzo Julie Boulianne en Roméo au timbre de cuire, donnent la véritable émotion à l’opéra. Elles seules donnent un éclat de vérité à la distribution. Un opéra de télénovela à regarder avec les oreilles.
Andreas Rey
Deutsch
Diejenigen, die in Bellinis "Capulets und Montagues", die derzeit in Nancy aufgeführt werden, nach Shakespeare-Treue suchen, werden wahrscheinlich erstaunt sein, da der ursprüngliche Erzählstrang vom Komponisten und seinem Librettisten Felice Romani so stark umgestaltet wurde. Der Mord an Tebaldo ist fast schon anekdotisch, Mercusio kommt nicht vor und Julia überlebt Romeo. Es geht hier tatsächlich mehr um die Rivalität zwischen zwei Clans, deren Opfer die Liebenden sind, als um ihre Geschichte in dieser Rivalität, wie der Name der Oper andeutet.
Regisseurin Pınar Karabulut und Bühnenbildnerin Michela Flück verorten sie in einem Mattel-Western, mit Requisiten, die aus Playmobil stammen, wie bei den rollenden Pferden, deren Mäuler opinieren und deren Nasenlöcher Dampf blasen, und aus Barbie für die pastelligen Farben und die Beleuchtung. Die orangefarbene Installation in der Mitte der Bühne dient mal als dampfspeiende Untertasse, auf der Julia in die Luft steigt, mal als Capulets-Gruft, in der die lethargische Julia eine Karyatiden-Pose einnimmt, mal als Brunnen in der Wüste.
Die Kostüme von Teresa Vergho sind dementsprechend. Die Capulets als kobaltblau maskierte Cowboys stehen den Montaigus als nicht minder maskierte, knallrote Kuhhirten gegenüber. Und die kleinblauen Tierfellhosen von Julias Vater stehen Lorenzos blau-rotem Harlekinanzug in nichts nach.
Auch die Gestik der Protagonisten ist nicht schlecht. Die Capulets machen regelmäßig Fensterputzer-Bewegungen und die Liebenden unterbrechen ihr Gespräch plötzlich für Indianerschwimmbewegungen.
Glücklicherweise kann sich der Zuschauer, der sich fragt, ob er angesichts dieser Tragödie lachen soll, auf die musikalische Qualität der Aufführung verlassen. Obwohl sich das Orchester von Ramón Tebar etwas zu sehr auf die Blechbläser und die tiefen Streicher verlässt, gibt es die Lebendigkeit von Bellinis einfacher, aber nicht vereinfachender melodischer Linie gut wieder. Und auch wenn der Chor Schwierigkeiten hat, sich verständlich zu machen, so bleibt er doch in sich geschlossen.
Die männlichen Rollen sind jedoch nicht sehr langlebig. David Astorgaen als Tebaldo, der seinen Heldentenor im ersten Teil deutlich unterstützt, und Donnie Ray Albert als Capellio, der im ersten Teil einen klaren Bariton hat, haben im zweiten Teil Schwierigkeiten, ihre Haltung zu bewahren. Und Manuel Fuentes als Lorenzo behält zwar eine schöne und starke Projektion bei, moduliert seinen Gesang aber nicht genug.
Im Gegensatz dazu verleihen die Sopranistin Yaritza Véliz als Julia, die ihre samtigen Gavas mit kristallklaren Höhen verbindet, und die Mezzosopranistin Julie Boulianne als Romeo mit ihrem kupfernen Timbre der Oper die wahre Emotion. Sie allein verleihen der Besetzung den Glanz der Wahrheit. Eine Telenovela-Oper, die man mit den Ohren betrachten sollte.
Andreas Rey
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